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Interview de Françoise Sturbaut
Secretaire générale adjointe de la Ligue de l'enseignement en charge des jeunesses et de l’égalité et Proviseure de la Cité scolaire Paul Valéry à Paris, Françoise Sturbaut nous parle du rôle que peut jouer l'éducation populaire afin de lutter contre les discours haineux.
En quoi un mouvement d’éducation populaire comme la Ligue de l’enseignement peut participer à la lutte contre les discours de haine ?
De beaucoup de façon, d’abord parce que nous sommes reconnus tout particulièrement pour travailler, pour défendre, éduquer les jeunes aux valeurs de la République et particulièrement la laïcité. Et la laïcité telle que nous l’éduquons, telle que nous la défendons, elle est très liée à la connaissance de l’Autre et à la tolérance. La laïcité c’est accepter l’autre avec ses différences et, chemin faisant, faire que ces différences ne vont pas empêcher de travailler ensemble, de construire ensemble, de vivre ensemble. C’est que nous faisons avec toutes les activités parascolaires proposées par la Ligue et ce qui se trouve également de façon très forte dans les projets proposés sur le temps scolaire.
Nous cherchons également à aider les jeunes à développer leur pensée, qui ne soit pas victime de zapping, qui puisse s’exprimer entièrement. Aider les jeunes à avoir une attitude critique vis-à-vis des différents médias et réseaux sociaux et acquérir un libre arbitre, levier de protection face aux extrémismes.
Comment prévenir ce phénomène auprès de la jeunesse ? quels sont les leviers d’action possibles ?
Je pense qu’il y a le dialogue, le fait d’en parler, d’en discuter de ne pas avoir peur d’en parler. Beaucoup d’éducateurs n’en parlent pas car ils ne se sentent pas suffisamment outillés ou parce qu’ils craignent d’entendre des choses violentes. Or je crois qu’il faut faire l’inverse car c’est à partir de certaines paroles posées que l’on peut travailler. De toute façon la pensée elle est parole, il faut mettre en mots ces sujets, décortiquer, éduquer et puis donner à voir, par le biais d’un film, d’un document, de récits, etc.
Il faut essayer de faire en sorte que les jeunes, qui pourraient être tentés par des mouvements radicaux, pour tout un tas de raisons d’ordre familial, social, etc. puissent mettre leurs émotions à distance. Qu’ils réfléchissent, qu’ils se posent des questions, qu’ils mettent à distance en parlant, en développant une réflexion sur ces sujets qui les préoccupent.
En quoi cette plateforme peut aider la communauté éducative ?
Elle peut aider les éducateurs qui se pensent mal informés, non formés. Ils vont avoir accès à tout un tas de ressources qui vont leur permettre de connaitre ce qui existe et de choisir. Certaines leur conviendront, d’autres non mais ils auront le choix.
Et dans un second temps, ça peut aussi permettre de créer un réseau. De mieux connaitre les personnes qui travaillent sur ce sujet. De sortir d’une solitude face à des questions parfois pesantes. De se retrouver avec des ressources au sein d’un collectif apprenant sur cette question difficile.